2018 – Sion (Suisse)
L’éducation inclusive s’inscrit dans un mouvement social plus large qui vise à bâtir une société dans laquelle chacun et chacune trouve une place digne et reconnue, jouit de ses droits, assume ses devoirs, participe à des projets socié- taux, agit avec et parmi ses semblables en vertu de liens sociaux, économiques et culturels qu’il et elle contribue à construire. Si cette perspective dessine un horizon, cette société en cours d’élaboration nous échappe tant elle est le fruit d’une co-construction continue de valeurs, de responsabilités et d’actions à déployer et à réinventer au fil du quotidien. L’éducation pensée comme inclusive est un des moyens pour vivre des valeurs et des pratiques qui vont dans ce sens. L’école, en tant qu’ensemble d’institutions et d’acteurs, est en effet un lieu de co-responsabilité et de co-éducation, la classe un lieu de co-construction d’une communauté et de savoirs où tous les sujets, élèves et professionnels, peuvent être responsables et acteurs sociaux du vivre et du devenir ensemble.
Or, s’engager, comme professionnel, élève ou partenaire de l’école, dans le mouvement vers l’éducation inclusive, c’est consentir à s’engager dans un processus de transition, de transformation, de rupture et d’ajustement de routines, processus inéluctablement complexe et parsemé de difficultés. Même si les politiques éducatives indiquent des chemins à prendre, le mouvement et les pratiques rencontrent des obstacles, des résistances, voire des impasses, au niveau de l’éducation préscolaire et scolaire, de la formation post-obligatoire et professionnelle. Mais ces résistances nous offrent aussi la possibilité de mieux interroger ce qui est à l’œuvre dans les transitions vers une autre école, vers de nouvelles pratiques, vers de nouvelles identités institutionnelles et profession- nelles. Elles nous obligent à examiner les conditions dont les élèves ont particu- lièrement besoin au cours des transitions entre contextes éducatifs, pédago- giques, didactiques et professionnels différents, pour ne pas perdre le fil de leurs parcours… Elles nous donnent à voir ce qui se joue dans les transformations de valeurs, d’institutions, de pratiques, de façons d’agir, de postures… Enfin, les résis- tances mettent en évidence les routines de fonctionnement inhérentes à tout acte d’enseignement, qu’elles soient ou non perméables au changement, voire servent de levier vers une éducation et des pratiques plus inclusives. Ainsi, « Transitions, Transformations, Routines » forment les trois problématiques qui structureront le travail des chercheurs, des formateurs, des enseignants, des responsables scolaires et des étudiants durant le colloque. Ces trois axes seront traités sous forme de conférences plénières, de présentations et discussions en sessions d’ateliers, de témoignages et débats autour d’une table ronde.